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23 février 2018

Lexicographie et sémantique - ZAD et ADN


ZAD = Zone d’Aménagement Différé, définie par la loi du 26 juillet 1962 comme un secteur où une collectivité locale, un établissement public y ayant vocation ou une Société d'économie mixte (SEM) titulaire d'une convention d'aménagement dispose, pour une durée de 6 ans, d'un droit de préemption sur toutes les ventes et cessions à titre onéreux de biens immobiliers ou de droits sociaux.
Cette définition administrative est toujours en vigueur mais l’acronyme renvoie depuis 2010 environ à sa version détournée de « Zone à Défendre » inventée – avec un certain génie, il faut le reconnaître - par les anarchistes, anticapitalistes, altermondialistes, écologistes et autres hirsutes hors-la-loi en tous genres qui se sont fait une spécialité d’occuper illégalement des sites prévus pour des aménagements qu’ils disent réprouver.
Ils se sont baptisés « Zadistes », terme désormais accepté par l’usage et qui jouit d’une connotation souvent reconnue comme sympathique.
En novembre 2014, les termes « ZAD » et « zadistes » ont été déposés à l'INPI par René Leblanc, ancien maire de Quelneuc et opposant à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui dit avoir voulu ainsi éviter leur récupération à des fins mercantiles.

Cette dérive sémantique est en tout point remarquable par sa rapidité et son succès écrasant. Interrogeons les gens à la sortie du métro sur le sens de ZAD et de Zadiste, il y a fort à parier que personne ne citera la définition administrative.

ADN = acide désoxyribonucléique. C’est une macromolécule biologique présente dans toutes les cellules ainsi que chez de nombreux virus. L'ADN contient toute l'information génétique, appelée génome, permettant le développement, le fonctionnement et la reproduction des êtres vivants.

Par emprunt analogique ou par antonomase, l’acronyme chimio-biologique est devenu en quelques années un mot à la mode, utilisé à tort et à travers par les Diafoirus (encore une antonomase) de l’économie, du journalisme et de la politique : « La sécurité est dans l’ADN de notre entreprise », « L’ADN de notre parti est de défendre la classe ouvrière », etc. Ces Diafoirus parleraient le latin s’ils l’avaient appris. Ils foulent aux pieds la langue française dont le vocabulaire permet de nommer avec nuance la notion de caractéristique immuable : dans les gènes, tradition, usage, coutume, valeurs, cœur de métier, etc. En un mot, leur ADN à eux, c’est la fatuité et la crétinerie.

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