Le lecteur qui se demanderait ce que cela vient faire dans ce blog trouvera lui-même la réponse en songeant au triste sort des petits commerçants et autres acteurs économiques de son quartier et à la qualité de vie dont il a bénéficié jusqu'ici et qui est peut-être révolue.
Ci-après l'analyse de Lugan sur l'Afrique, la générosité des pays riches et le jeu de la Chine.
Le président Macron appelle à effacer la dette africaine, étape selon lui « indispensable pour aider le continent africain à travers la crise du coronavirus ». Les PME, les TPE, les professions libérales et les commerçants français qui vont, eux, devoir rembourser les emprunts qu’ils vont être contraints de faire pour tenter de survivre, apprécieront !
Trois remarques :
1) Si une telle mesure
était réellement prise pour aider l’Afrique à lutter contre la pandémie, on
pourrait la juger comme légitime. Mais, au moment où cette unilatérale
proposition présidentielle était faite, et fort heureusement, le continent
africain était quasiment épargné par le coronavirus.
2) Depuis des
décennies, les pays "riches" ne cessent de consentir à l’Afrique des
allègements et des suppressions de dette. Au début des années 2000,
les PPTE (Pays pauvres très endettés) ont ainsi bénéficié de considérables
remises par les créanciers bilatéraux. Or, à peine sauvés du gouffre de
l’endettement, ils y ont replongé..
3) En plus des remises
de dette, l’Afrique engloutit année après année, des sommes colossales versées
au titre de l'APD (Aide pour
le Développement). De 1960 à 2018, le continent a ainsi reçu
en dons, au seul titre de l'APD, près de 2000 milliards de dollars (pour
une dette d’environ 400 milliards de dollars dont entre 180 et 200 milliards de
dollars de dette chinoise), soit en moyenne 35 milliards de dollars par an.
En dollars constants,
le continent a donc reçu plusieurs dizaines de fois plus que l’Europe du lendemain
de la guerre avec le plan Marshall.
Or, ces prêts,
ces allègements de dette, ces aides et ces dons n’ont servi à rien car, en plus
de sa suicidaire démographie, le continent est paralysé par son
immobilisme. En effet, en dehors du don de la nature constitué par le
pétrole et les minerais contenus dans son sous-sol, l’Afrique ne produit rien,
sa part de la valeur ajoutée mondiale dans l’industrie manufacturière est en
effet de moins de 2% dont les 9/10e sont réalisés par deux pays sur 52, l’Afrique
du Sud et l’Egypte.
L’annulation de la
dette proposée par le président Macron ne changera donc rien à cet état des
lieux. D'autant plus que la Chine, prédatrice souriante, est désormais à
la manœuvre. Mue par le seul moteur du profit, elle endette chaque jour un peu
plus le continent à travers des prêts généreusement octroyés.
Ces derniers font
replonger les pays bénéficiaires dans la spirale de l’endettement dont ils
commençaient tout juste à sortir après les considérables allègements consentis
dans les années 2000 aux PPTE par les Occidentaux. Comme ces prêts ne pourront
jamais être remboursés, Pékin va mettre la main sur les grandes infrastructures
données en garantie par ses débiteurs. Ainsi en Zambie où le
gouvernement, après avoir été contraint de céder à la Chine la ZNBC,
la société radio-télévision, s’est vu contraint d’engager des discussions de
cession concernant l’aéroport de Lusaka et la ZESCO, la
société nationale d’électricité.
Morale de
l’histoire : quand la Chine endette l’Afrique, la France propose de
renoncer à sa propre créance…
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