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19 avril 2020

Coronavirus - interview d'un usager du 15

Un usager du 15 pour coronavirus, qui vient de sortir d'une assez longue hospitalisation dans la filière, a bien voulu se prêter à une interview.

Pourquoi avez-vous appelé le 15 ? Estimez-vous avoir eu raison ?
Je présentais tous les symptômes sauf l'agueusie et l'anosmie. A un niveau élevé. J'étais mal. J'ai appelé le 15 sous l'effet de la pression familiale. Je ne le regrette pas.

Comment s'est passée votre prise en charge ?
Téléphone au 15. Rappel par un médecin régulateur qui décide de l'éligibilité du patient. Arrivée sans préavis d'une ambulance en pleine nuit. Mise sur fauteuil roulant dans un service d'urgence très encombré. Scanner thoracique détectant immédiatement des lésions pulmonaires. Admission en service pneumologie de soins intensifs le lendemain matin. Pas d'intubation. Dérivation au bout de quatre jours vers le service pneumologie d'une clinique privée, pour libérer un lit en réanimation.

Votre avis sur le personnel soignant ?
A part les médecins, le personnel m'a paru extrêmement jeune. Jeune et enthousiaste, poli et de bonne humeur, dispensant avec entrain des soins et du réconfort. Ce personnel n'avait pas l'air de traîner les pieds ni d'être exténué. Il faisait bien son travail comme d'autres, pas forcément mieux payés ni moins exposés, le font aussi dans d'autres domaines.

Votre avis sur la nature des soins ?
Il n'existe pas de vaccin, ni de traitement. Je ne suis pas médecin mais j'observe. On m'a administré des antibiotiques au motif de combattre une possible surinfection. A part cela, de l'oxygène à raison d'une déficience épisodique régulièrement mesurée. On a aussi mesuré mes bases plusieurs fois par jour. La fièvre est tombée. Les maux de tête et la toux ont disparu. L'examen des selles et les saignées, d'usage courant sous Louis XIV parce qu'on ne savait pas faire autre chose, ne sont plus pratiqués.
Le confinement rigoureux dans les services hospitaliers qui m'on accueilli, ainsi que le repos absolu, me paraissent avoir été des facteurs très favorables.

Combien de temps avez-vous été hospitalisé ?
Trois semaines exactement.

Avez-vous pensé mourir ?
C'est une question bien intime. Disons qu'à un moment j'ai senti les ailes de la mort me frôler d'un peu près.

Sur quels critères votre sortie a-t-elle été décidée ?
Vous allez rire. 
Je devais sortir au bout de deux semaine sous réserve d'un test virologique PCR négatif. Or le résultat a été positif, entraînant un délai supplémentaire d'une semaine. Mais le deuxième test a été de nouveau positif. Les autorités médicales m'ont alors expliqué que les incertitudes sur les résultats de ce test ne permettaient pas de se prononcer de manière catégorique, c'est à dire que positif ou négatif c'était un peu la même chose. Il n'y avait dès lors pas d'inconvénient à me relâcher. J'ai été d'accord avec cet avis aussi humble que pragmatique. On n'a pas été en mesure de me dire si j'étais guéri, immunisé, contagieux. On m'a seulement précisé que je n'étais pas à l'abri d'une réinfection et qu'il fallait que je me confine à domicile en tenant ma femme à distance !

Votre conclusion ?
L'appel au 15 est la bonne chose à faire en cas de suspicion. Ne pas tarder. On accède immédiatement aux technologies avancées et aux bonnes compétences médicales.
L'assistance respiratoire par intubation sous coma artificiel - que je n'ai pas subie - est certainement un traitement curatif de dernière extrémité qui peut sauver des vies.
A part cela, seuls le strict confinement, le port du masque et le lavage des mains sont des mesures de masse efficaces.
Le reste n'est que bavardages et prises de position d'autorités qui excipent de qualifications qu'elles ne méritent souvent pas.
Personne n'est sûr de rien.
Rien n'est sous contrôle.







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