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L’historien Bernard Lugan, fondateur et directeur de la
publication L'Afrique réelle, distribuée par courrier électronique sur
abonnement, analyse les émeutes-pillages qui secouent la République d’Afrique
du Sud depuis le 8 juillet 2021. Elles ont été déclenchées par la fraction
pro-Zuma d’ethnie Zulu qui a pour objectif de déstabiliser la présidence de
Cyril Ramaphosa auquel elle reproche d’avoir évincé l’ancien président, son
leader Jacob Zuma, en 2018.
En voici un extrait qui décrit le déclin vertigineux et probablement
inexorable de la République d’Afrique du Sud qui était, juqu'à la transition De Klerk / Mandela en 1994, le pays le plus
prospère de l’Afrique australe. Ce même sort funeste avait
frappé, selon un scénario similaire, la Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe) deux décennies plus tôt.
Début de citation
En
réalité, depuis 1994, l’Afrique du Sud vit sur l’immense héritage légué par le
régime blanc. Ses nouveaux maîtres de l’ANC n’ayant pas réalisé les nécessaires
et colossaux investissements qu’il était pourtant urgent de faire afin de
simplement maintenir les capacités de production. En plus de cela, le climat
social a découragé les éventuels investisseurs qui ont préféré faire « glisser
» leurs activités vers des pays plus fiables.
L’agriculture
avait, elle aussi, perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois avant le
coup mortel porté aux fermiers le mardi 27 février 2018, quand le parlement
sud-africain vota le commencement d’un processus de
nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.
Résultat,
au lieu de se combler, comme l’ANC le promettait en 1994, les inégalités
se sont au contraire davantage creusées. Aujourd'hui 75% des familles noires
vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quant au chômage, il est
officiellement de 30% de la population active alors que les agences
indépendantes parlent de plus de 50% avec des pointes à 80% dans certaines
régions.
Enfin,
chiffre terrible pour tous ceux qui croyaient dans l’avenir de la société «
post-raciale » sud-africaine, aujourd’hui, le revenu de la tranche la plus
démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était
sous le régime blanc d’avant 1994 !!! Ce qui a fait dire à un célèbre
chroniqueur noir qu’au rythme auquel se décompose le pays, il va bientôt
falloir se décider à en « rendre la direction aux Boers » !!!
Une
remarque d’une grande profondeur car le soit disant héritage « négatif »
de «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants
sud-africains. Or, aujourd’hui, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le
président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre
de force[3], il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté
d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays
développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance
énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau
et la première armée africaine. Force est également de constater que, libérée
de l’ « oppression raciste », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement
la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que
corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement.
Aujourd'hui,
l’ANC n’est plus qu’une coquille vide ayant perdu toute forme idéologique
et politique. Fragmenté par une infinité de facteurs, il ne survit plus que
comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses
membres. Quant aux masses noires totalement paupérisées, elles constituent un
bloc explosif potentiel dont la colère se tournera un jour ou l’autre contre
les Blancs qui n’auront plus que le choix entre l’émigration ou le repli vers
l’ancienne province du Cap.
Fin de citation