11 septembre 2021

Grignon - massacre annoncé d'un site patrimonial et scientifique remarquable, propriété de l'Etat

Le château du domaine de Grignon - AgroParisTech ©CFSG


Manifestation des opposants le 11/09/2021 - les élus ©Manon Varaldo

Haut lieu de la recherche agronomique depuis qu’y a été fondée la première école d’agronomie en 1827, le domaine de Grignon, situé sur la commune de Thiverval-Grignon dans la plaine de Versailles, traversé par le ru de Gally, est l’un des centre d’AgroParisTech. Il comprend un château d’époque Louis XIII, un arborétum bicentenaire, une forêt, des cultures et une ferme expérimentales, une halle technologique, etc. Le tout sur 300 hectares en zone agricole. Les élèves d’AgroParisTech y effectuent leur première année de cursus de formation d’ingénieur. Il est fréquenté par environ 400 étudiants, chercheurs, enseignants et personnels. On y trouve une quinzaine d’UMR (Unité Mixte de Recherche) et d’UFR (Unité de Formation et de Recherche). Il abrite aussi un musée du vivant et l’inestimable collection de fossiles du Lutétien de la Falunière.

Ce centre doit déménager pour la rentrée prochaine sur le campus AgroParisTech du plateau de Saclay, dans le cadre d’un regroupement prévu de longue date.

L’Etat, propriétaire, a mis le domaine en vente. Une association "Grignon 2000 a été créée en 2000 suite à la tempête de 1999. En 2015 a vu le jour un projet de cession au club de football qatari PSG. Le projet du PSG, irrespectueux de la valeur du site, a soulevé des protestations auxquelles s’est associée, dès l’origine, l’association Yvelines Environnement dont l’un des objets majeurs est la protection des sites, présidée par Françoise Jeanneret.Yvelines Environnement a un administrateur dans "Grignon 2000" en la personne de Patrick Menon. L’affaire n’a finalement pas été conclue avec le PSG.

Le dernier avatar est un appel d’offres dont les conditions sont singulières et fortement contestées, que le promoteur Altarea-Cogedim a remporté courant août 2021. Les contours du projet Altarea-Cogedim sont des plus flous, dans un schéma qui est forcément celui d’un promoteur immobilier dont l’objectif, conforme à ce métier, est la rentabilité.  Le contrat de cession doit être conclu fin septembre. Un autre projet était en compétition, nommé Grignon 2026, porté par l’association Grignon 2000, qui regroupe des anciens élèves de Grignon et la communauté de commune Cœur d’Yvelines, afin de réaliser un centre international dédié à l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Le jugement des offres est totalement opaque. Le projet Grignon 2026 a été écarté sans explications. L’affaire a été traitée en catimini pendant le mois d’août, période propice.

Une grande manifestation de protestation s’est tenue aujourd’hui 11 septembre sur le site, devant la grille, qui a réuni 400 personnes dont une trentaine d’élus et de personnalités de tous bords. De nombreux personnels de gendarmerie avaient été mobilisés, ce qui est un indice témoignant de la vigilance de l’Etat sur un sujet qu’il sait brûlant.

Parmi de nombreuses interventions, toutes brèves et pertinentes pour dénoncer la situation consternante, l'opacité, le mercantilisme favorisé par l'Etat et la prise à rebours de ses préoccupations écologiques, environnementales et patrimoniales tant vantées, on notera celles Nadine Gohard (maire de Thiverval-Grignon), Mathieu Baron (Grignon 2000), Bertrand Houet (président de Cœur d’Yvelines), Joséphine Kollmansberger (maire de Plaisir et vice-présidente du conseil départemental 78, déléguée à l’environnement), et de la sénatrice Sophie Primas qui s’est déclarée mandatée par Gérard Larcher. Les chefs de file écologistes Yannick Jadot et Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie, se sont également exprimés. Des témoignages d'associations et d’étudiants agro, spontanés et touchants, ont été entendus.

On dit que Pierre Bédier, président du conseil départemental 78, serait disposé à acquérir la forêt du domaine.

On a entendu, au micro, deux informations tellement stupéfiantes qu’elles nécessitent d’être sérieusement valdées. La première est qu’un fonctionnaire parachuté à AgroParisTech revendique la légitimité d’être le porte-voix de l’école dans cette affaire, alors qu’il n’aurait jamais consulté quiconque, du moins parmi les élèves. La seconde est que le règlement de l’appel d’offres interdirait aux concurrents ayant déposé une offre d’exercer un quelconque recours, ce qui serait, pour le moins, une énormité.

Dans la foulée de la manifestation, les médias électroniques en ont rapporté la teneur. On lira avec intérêt les articles à télécharger par les liens suivants :

https://actu.fr/ile-de-france/thiverval-grignon_78615/yvelines-mobilisation-suivie-devant-le-domaine-agronomique-de-thiverval-grignon_44819757.html

https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/yvelines/dans-les-yvelines-un-rassemblement-contre-la-cession-du-domaine-de-grignon-2246719.html

https://www.leparisien.fr/yvelines-78/une-aberration-ecologique-400-manifestants-reunis-contre-la-vente-du-domaine-de-grignon-a-un-promoteur-11-09-2021-TDAZPJHMTBGURFCT6KLBR7FQMU.php

https://reporterre.net/Grignon-l-Etat-brade-un-magnifique-domaine-de-recherche-publique-a-un-promoteur


Voir aussi le cri au scandale de Didier Rykner dans la Tribune de l'Art du 11 août 2021.

Le domaine national de Grignon livré à un promoteur - La Tribune de l'Art (latribunedelart.com)


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