28 décembre 2022

Lexicographie et étymologie : tarmac

 

tarmac de Genève Aéroport © LE TEMPS

Quel joli mot que tarmac, avec ses syllabes qui claquent, son prestige de langage d'initiés, voire son parfum d'aventure augmenté par le mystère de sa signification.

"A peine l'avion s'était-il arrêté que sa porte avant s'ouvrit et que les otages libérés apparurent. Le président les attendait sur le tarmac."

Le plumitif auteur de ces lignes sait-il ce que "tarmac" veut dire ?

Un ingénieur écossais nommé John Loudon McAdam (1756-1836) chargé de l'Administration des routes d'Ecosse et, plus tard, en 1827, de la Direction des routes de Grande-Bretagne, fit remplacer le pavage traditionnel par un tapis de pierres concassées et de sable, de granulométrie étendue, compacté au rouleau après humidification. Ce procédé était un perfectionnement de celui inventé en 1775 par le Français Trésaguet.

Le mot macadam est une antonomase désignant le procédé. Il est attesté en anglais dès 1824. C'est une méthode de revêtement de chaussée mais, par métonymie, le mot désigne la chaussée elle-même, voire le trottoir où se trouvent les prostituées comme en témoigne l'expression familière "faire le macadam"(1864).

Le macadam est une étape importante dans le développement de la circulation routière au XIXe siècle. Il fut adopté à Paris en 1849. Il permettait une augmentation de la vitesse mais le passage des véhicules provoquait des nuages de poussière par temps sec.

Pour remédier à cet inconvénient, il fut imaginé, après 1900, de donner une cohésion au matériau graveleux en lui incorporant du goudron. Goudron se dit "tar" en anglais.  Le macadam devint ainsi tarmacadam. Puis, par apocope, tarmac.

A noter que les mots macadam et tarmacadam sont tombés en désuétude et que le mot tarmac n'est utilisé qu'en langage pédant pour désigner, par métonymie dévoyée, seulement les aires de stationnement des aéronefs quand bien même elles ne seraient par revêtues de tarmacadam. Dans le domaine de la mécanique des chaussées, qu'elles soient routières (routes et autoroutes) ou aéroportuaires (pistes et stationnements) on parlera de bétons bitumineux ou d'enrobés.

A noter aussi que les aires de stationnement des aéroports sont le plus souvent constituées de dalles en béton de ciment, matériau moins sensible à l'agression par les hydrocarbures, ce qui ne trouble pas les pédants ignorants adeptes de l'appellation tarmac.

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