25 juin 2020

Linguistique : un "kleustère", quésaco ?

Les émules de Diafoirus se multiplient, lui qui faisait profession de médecin et parlait un latin de cuisine pour masquer son ignorance.

Le coronavirus ( alias 2019-ncov, COVID-19, Sras-CoV2, Sars-CoV2), dont personne ne sait toujours ni comment l'épidémie se développe, ni comment on la prévient, ni comment on la soigne, a répandu l'usage à tout bout de champ du mot anglais cluster.

Le cluster (kleustère) épidémique désigne un groupe de personnes infectées par le virus. Il n'y pas longtemps on parlait d'un "foyer de contagion" et tous les francophones comprenaient sans effort. A présent, les diafoirus de base se délectent de ce mot impressionnant dont beaucoup ne connaissent pas le sens, tandis que les diafoirus pédants mais consciencieux se fendent d'une traduction ou d'une périphrase.

Emparez-vous d'un dictionnaire, même si vous êtes agrégé d'anglais. Le sens primaire est horticole : a cluster of grapes, a cluster of berries, roses clustering round the windows of an old cottage. Par métonymie : children clustering round their mother, a cluster of six bottles of beer.

Pourquoi ne pas dire simplement en français : foyer, grappe, groupe, ensemble, rassemblement, etc. ?

Ah oui, avant le coronavirus on parlait déjà de cluster en informatique, ou pour désigner un campus où cohabitent des spécialistes.

Vive la francophonie !

"Achetez français !" est sur toutes les bouches.
Mais ce n'est pas le cas de "Parlez français !", alors que pour vendre des parfums, du vin, des sacs à main, des voitures, du tourisme, de la politique il n'est pas inutile de promouvoir le génie français - ou ce qu'il en reste - en commençant par en parler la langue. C'est aussi la marque de notre fidélité à notre culture, un peu malmenée en ce moment.

Pourquoi tant de minus se gaussent-ils de pratiquer un anglais d'aéroport ? Pourquoi ne sanctionne-t-on pas les publicitaires et les producteurs de films qui encouragent cette trahison et polluent notre jeunesse vulnérable, toujours soucieuse d'être dans le vent ? Pourquoi la loi Toubon de 1994 n'est-elle pas appliquée ? Nous sommes des indigènes culturellement colonisés mais lamentablement résignés.

Dernière trouvaille de politicards qui ont peut-être fait leurs classes à la banque Rotschild : les doers, comprenez "ceux qui font", sans doute par opposition à "ceux qui prêchent". Ne pas confondre avec les Boers (les colons néerlandais, allemands et français arrivés dans la région du cap de Bonne-Espérance au XVIIe siècle).



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