Rappel :
analphabétisme / illetrisme. Ce ne sont pas des synonymes. L’analphabétisme
peut être défini comme le degré zéro de la lecture et de l’écriture : Je ne sais pas, je n’ai jamais appris.
L’illettrisme est une nouvelle réalité distincte de l’analphabétisme : J’ai appris, j’ai perdu, j’ai oublié.
La novlangue vient
de s’enrichir du terme illectronisme.
Ce néologisme est visiblement calqué sur illetrisme.
L’idée étant de créer un parallèle entre les handicapés du numérique au moyen d’un
ordinateur et les handicapés de la lecture et de l’écriture avec du papier et
de l’encre.
Le rappel en tête de ce texte pointe que, si l’intention est bonne, l’application est fautive car c’est sur analphabétisme qu’il eût fallu bâtir le néologisme, en référence à ceux qui n’ont jamais appris. Mais on voit bien que c’était plus difficile, voire impossible, d’obtenir un mot compréhensible.
Venons-en au fait (source Le Canard Enchaîné du 5 août
2020).
Pour acheter un billet de train, consulter son compte en
banque, déclarer ses impôts, s’informer sur ses droits sociaux, réserver un
service ou un spectacle, communiquer avec son assureur ou son fournisseur d’électricité,
il faut se servir d’un ordinateur ou d’un smartphone. Pour un bon tiers, les
Français sont handicapés par le manque de matériel, de réseau, de savoir-faire.
Pensons aussi à ces personnes dont le conjoint s’occupait de tout et qu’un
soudain veuvage rend brutalement inexistantes pour les administrations et
services. Naufrage inévitable.
Que Choisir, dans une récente étude, évaluait à 12,8
millions le nombre des Français qui ne disposent pas d’un internet de qualité
suffisante (incluant donc ceux qui n’en disposent pas du tout). Les opérateurs
n’ont toujours pas rempli les obligations sur lesquelles ils se sont
contractuellement engagés. Le président de la République fais des promesses, le
président de l’ARCEP (autorité de régulation des téléphones) s’insurge. Sans
grand résultat.
La navigation sur mobile reste poussive, surtout en zone
rurale. Seulement 85% des abonnés de Bouygues, 82% d’Orange, 81% de SFR et 65%
de Free parviennent à ouvrir leur page.
La fibre optique se déploie en priorité dans les zones urbaines
denses où elle est rentable. Seul un quart des foyers en bénéficie.
Corollairement, il faut signaler le scandale des aides
téléphonique payantes dispensées par la plupart des administrations, facturées
6 centimes la minute y compris les interminables minutes d’attente. C’est du
racket. Quelques députés courageux oseront-ils un jour le dénoncer ?
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