28 janvier 2016

L'orthographe, c'est nos oignons


Notre ministre de l'éducation est admirable. Née au Maroc, elle est arrivée en France à l'âge de cinq ans dans le cadre du regroupement familial. Elle a acquis la nationalité française à sa majorité, en plus de sa nationalité marocaine qui est inaliénable. Elle a depuis rapidement accédé à la fonction de ministre, ce qui démontre à la fois ses exceptionnelles qualités intrinsèques et l'efficacité de notre fameux ascenseur social.

Quelle trajectoire fulgurante ! Chapeau bas ! On pardonnerait volontiers à la dame de ne pas avoir baigné dès son enfance dans la culture classique si cette lacune n'était que vénielle. Or c'est un handicap qu'elle n'a pas surmonté contrairement à d'autres dans son cas, qui l'empêche de posséder la dite culture au plus profond de ses fibres. Notre patrimoine n'est pas le sien. Notre identité, elle peine à l'adopter. Ajouté à ses convictions politiques marquées, cela a des conséquences calamiteuses sur les décisions qu'elle prend dans l'exercice de ses responsabilités de ministre de notre éducation nationale française. 

Elle s'était déjà distinguée par le déclassement de l'enseignement du latin et par d'autres œuvres de démolition à caractère dogmatique . Voilà qu'elle décrète qu'on enseignera désormais à nos petits une orthographe dite simplifiée. Elle nous apprend, pour se justifier, que cette orthographe simplifiée avait été décidée par le gouvernement et validée par l'Académie en 1990 et aussi que l'orthographe ancienne restera valable. Pourquoi ressusciter une mesure aussi extravagante qu'ancienne et totalement tombée à l'eau, jamais mise en oeuvre, dont l'usage ne s'était jamais emparé parce qu'elle ne répond à aucune attente ?

Nénufar avec un f, maitresse sans accent circonflexe, ognon sans i, etc. Quel progrès ! Quelle simplification ! N'a-t-on vraiment rien d'autre à faire ? Faudra-t-il passer au corrector les livres des bibliothèques, réviser le Bescherelle, rééditer Victor Hugo, modifier les dictionnaires et les correcteurs orthographiques, mettre des bonnets d'âne aux parents, ...laver les cerveaux (servos) ? Cela va-t-il renforcer l'attractivité des lycées français à l'étranger auprès des élites locales, accroître dans le monde le rayonnement de la France et la pratique de la langue française ?

Il n'existe aucune nécessité urgente de changement dans ce domaine. On ne nous fera pas croire que l'intention de la ministre, poursuivant sa funeste entreprise de nivellement par le bas, est de permettre aux cancres d'avoir de moins mauvaises notes. Il s'agit bien de piétiner une culture secrètement honnie. C'est aussi une preuve d'ignorance, elle ignore que l'orthographe porte les précieuses et émouvantes cicatrices de l'histoire des mots. Décidément, la philologie n'est pas une spécialité du Rif oriental.

Pauvre France ! Résistons !



1 commentaire:

Unknown a dit…

Mon bon monsieur, Najat n'y est pour rien. Allez adresser vos reproches aux académiciens et à Maurice Druon.

Quant à Victor Hugo, aucun manuel actuel ne publie ses textes dans l'orthographe qu'il a utilisée ...

J'ajouterai, pour terminer, que Victor Hugo, comme Chateaubriand, Zola ou Mallarmé, écrivaient ... nénufar.