19 septembre 2023

Appréhender correctement l'empreinte environnementale : "analyse du cycle de vie", "score environnemental"

 

fondations gravitaires du parc éolien en mer de Fécamp © Jacques Basile

La photo montre les 71 fondations gravitaires construites à terre dans le port du Havre qui seront transportées au large de Fécamp puis posées au fond et ballastées. Chaque fondation pèse, vide, 5 000 t et mesure 31 m de diamètre à sa base. La hauteur de la fondation va de 48 à 54 m selon la profondeur d’eau. Il ne s’agit que de la fondation.

La puissance unitaire des éoliennes en mer en cours d’installation à Fécamp est de 7 MW. Mais des projets à l’étude visent une puissance de 15 MW, avec une superstructure de la taille de la Tour Eiffel comportant une nacelle à 150 m au-dessus du niveau de la mer d’un poids de l’ordre de 800 t équivalent à celui d’un TGV et des pales de l’envergure d’un avion gros porteur.

Une éolienne, lorsqu’il y du vent, produit une énergie totalement vertueuse (ou presque). Mais sa construction et son recyclage en fin de vie ont une empreinte carbone considérable. L'empreinte totale est fortement alourdie si on intègre les centrales à gaz d'appoint pendant les jours sans vent. Une centrale nucléaire peut être analysée d’une manière similaire, de même que tout autre objet produisant ou consommant de l'énergie électrique.

Un véhicule électrique, lorsque son carburant électrique provient d’une source décarbonée, roule de manière totalement vertueuse (ou presque). Mais sa construction et son recyclage en fin de vie ont une empreinte carbone considérable. Et ne parlons pas du cas, hélas fréquent, où l’électricité est d’origine fossile !

C’est donc incontestablement, comme nous l’avons déjà maintes fois plaidé, le cycle global qu’il faut considérer pour mesurer l’empreinte carbone (ou toute autre appellation équivalente), depuis l’extraction des matériaux de construction dans les mines jusqu’au recyclage en fin de vie, et pas seulement à l’usage.

Une lueur d’espoir, très encourageante, est cependant en train de poindre, comme en témoignent EDF qui prône l'analyse du cycle de vie, et le décret tout récent sur le bonus écologique qui repose sur le concept de score environnemental, évoqués ci-dessous.

« Si l’on se réfère aux ACV (Analyse de Cycle de Vie) disponibles, par exemple, dans le cas d’une centrale nucléaire, il n’y a aucune émission de CO2 lorsqu’elle est en fonctionnement. En revanche, si on l’étudie en termes d’ACV, en intégrant le coût de CO2 de sa construction jusqu’à son démantèlement, ce coût est très faible, de l’ordre de 4 grammes par kWh d’électricité produite pendant toute la durée de vie de la centrale.

Les émissions moyennes en Europe se situent actuellement entre 300 et 400 g de CO2 par kWh.

Pour autant, lorsqu’on regarde d’où vient le contenu de CO2 des installations françaises, la phase de construction en représente 59% dont 37% pour le ciment et 22% pour le ferraillage. L’essentiel des émissions vient donc de la partie construction. »

Source : Bernard Salha, directeur technique du groupe EDF et directeur général de la R&D d’EDF, dans une interview à paraître dans Travaux n°991

Parution du décret n° 2023-886 du 19 septembre 2023 relatif au conditionnement de l'éligibilité au bonus écologique pour les voitures particulières neuves électriques à l'atteinte d'un score environnemental minimal.

L’intention du gouvernement français est de faire bénéficier du bonus écologique seulement les véhicules électriques français, subsidiairement européens, à l'exclusion des autres en particulier les véhicules chinois.

Jusqu’à présent, la subvention à l’achat, de 5 000 à 7 000 euros, n’était accordée qu’en considération de l’émission de gaz à effet de serre à l’usage, c’est-à-dire en roulant.

Désormais elle le sera selon un score environnemental, en considération du cycle complet incluant les matériaux, la fabrication, les batteries, le transport, l’usage évidemment et sans doute le recyclage. L’Ademe est chargée d’établir pour le mois de décembre la liste des véhicules qui satisfont au score environnemental fixé.

Source :  Le Figaro du 19/09/2023 page 22 « Le bonus favorisera les véhicules européens »


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