2 avril 2024

Roustam, le mamelouk de Napoléon

 

Roustam, par Horace Vernet

« Un mamelouk est acheté à l'âge de douze ans en Circassie. Il est élevé en soldat, en centaure. Il a des esclaves égyptiennes qui jamais ne lui donnent d'enfants en Égypte ; il n'a ni père ni fils ; il a des compagnons d'armes qu'il ne pleure pas quand ils tombent. » - Alfred de VignyJournal d’un poète,1833, p. 985.

« C'étaient des hommes de toutes les races et de toutes les couleurs : montagnards de Géorgie et de Circassie ou bien cavaliers de Crimée, d'Arabie, de Syrie (incluant probablement des Arméniens), d'Égypte, d'Abyssinie, du Darfour (dont vraisemblablement une majorité de noirs), d'Albanie, des provinces turques des Balkans, de Hongrie, de Malte, de Tunisie et d'Algérie. Deux de leurs officiers étaient originaires de Bethléem.» - John R. Elting, historien américain.


Les mamelouks de la Garde impériale (anciennement de la Garde consulaire) sont une unité de cavalerie légère d'origine égyptienne, créée par Napoléon Bonaparte à son retour d'Égypte et en service dans l'armée française de 1801 à 1815. Ce corps est la troisième formation de cavalerie intégrée dans la Garde impériale et son premier élément étranger. Il a été engagé dans les batailles d’Austerlitz, Eylau, Dos de Mayo, Hanau, Saint-Dizier, Paris et Waterloo.

Roustam est né en 1782, à Tiflis, en Géorgie, enlevé vers l'âge de 13 ans, puis acheté par un bey du Caire. Il entre dans le corps des mamelouks et passe ensuite au service du cheikh El Becri. En août 1799, probablement le 12 août, ce dernier offre au général en chef Bonaparte un magnifique cheval arabe pur-sang, tenu en main par le jeune mamelouk Raza Roustam, d'origine géorgienne, qui faisait également partie du don. Bonaparte ramène les deux à Paris.

Roustam devient une figure légendaire liée à Napoléon. « Tout étranger qui vient à Paris veut le voir. » En 1800, à Paris, il précède la calèche du Premier Consul et les promeneurs admirent son costume : son beau turban blanc, sa veste de velours sombre richement décorée par des motifs or, ses jupes larges et sa superbe jument, la plus élégante trotteuse de Paris. En conséquence, la mode des mamelouks fait fureur chez les jeunes femmes et les jeunes garçons.
 
Pour son sacre le 2 décembre 1804, l'Empereur envoie Roustam chez les tailleurs Sandoz et Chevallier pour la confection de deux costumes. Lors de l'arrivée à Notre-Dame de Paris, Roustam est en bonne place dans le cortège.

En 1806, Roustam s’éprend de la jeune Alexandrine Douville, fille d'un huissier de Joséphine. Elle a 19 ans et elle est fort jolie. Mais Roustam n'est pas catholique romain. Le grand-juge et l'archevêché chicanent. L'Empereur intervient, écarte les difficultés, signe le contrat de mariage et paie les repas de fiançailles et de mariage, après Austerlitz.

Sur un malentendu, Roustam se brouille avec l’Empereur et ne partagera pas sa fin de vie.

En 1840, il est présent, revêtu de son habit de gloire, lors du retour des cendres de l’Empereur. Il meurt le 15 décembre 1845, à l'âge de 63 ans et il est inhumé au cimetière de Dourdan (Essonne). 

Dahab Geziret, l’île Dahab ou l'île Dorée, située sur le Nil au sud du Caire, abrite aujourdhui le palais du prince Naguib Hassan Abdullah, descendant des dynasties circassienne et mamelouke qui régnèrent un temps sur l'Egypte.


palais de Dahab Geziret
Prince Naguib le 30 avril 2023






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