23 mars 2022

La langue française depuis les serments de Strasbourg en 842

 

proclamation des serments de Strasbourg en 842 © FRANCE CULTURE.FR
 
extrait du serment en langue romane © WIKIPEDIA

Les serments de Strasbourg (Sacramenta Argentariæ), datant du 14 février 842 signent l'alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère aîné Lothaire Ier. Ils sont tous trois les fils de Louis le Pieux, lui-même fils de Charlemagne.  Ces serments précèdent d'un an le traité de Verdun, lequel sera d'une importance géopolitique considérable.

Louis le Germanique prononce son serment en langue romane pour être compris des soldats de Charles le Chauve qui récite le sien en langue tudesque pour qu'il soit entendu des soldats de son frère.

Le texte en roman des Serments a une portée philologique et symbolique essentielle, puisqu'il constitue, pour ainsi dire, « l'acte de naissance de la langue française » dans le cadre d'un accord politique d'envergure historique.

L'ordonnance d'août 1539 sur le fait de la justice, dite l’ordonnance de Villers-Cotterêts, aussi appelée l'ordonnance Guillemine, est un texte législatif édicté par le roi de France François Ier entre le 10 et le 25 août 1539 à Villers-Cotterêts (dans le département actuel de l'Aisne), enregistré au Parlement de Paris le 6 septembre 1539. Cette ordonnance est le plus ancien texte législatif encore en vigueur en France, ses articles 110 et 111 (concernant la langue française) n'ayant jamais été abrogés.

Elle est surtout connue pour être l'acte fondateur de la primauté du français dans les documents relatifs à la vie publique du royaume de France. Pour faciliter la bonne compréhension des actes de l’administration et de la justice, mais aussi pour affermir le pouvoir monarchique, elle impose qu'ils soient rédigés « en langages maternels français et non autrement ». Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l’administration en lieu et place du latin.

L’Académie française est fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu. « La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences » (article XXIV). À cet effet, « il sera composé un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique » (article XXVI), et seront édictées pour l’orthographe des règles qui s’imposeront à tous (article XLIV).

L'abbé Grégoire (Henri-Baptiste Grégoire), le 16 prairial an II ( 4 juin 1794) présente à la Convention un "Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française".

La constitution française du 4 octobre 1958 dispose en son Titre premier Article 2 que :

·       La langue de la République est le français ;

·       L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge ;

·       L'hymne national est la "Marseillaise" ;

·       La devise de la République est "Liberté, Egalité, Fraternité".

Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

La loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française1, dite loi Toubon, est destinée à protéger le patrimoine linguistique français. Elle vise trois objectifs principaux :

·       l'enrichissement de la langue ;

·       l'obligation d'utiliser la langue française;

·       la défense du français en tant que langue de la République (article 2 de la Constitution de 1958).

Elle vise alors à assurer la primauté de l'usage de termes francophones traditionnels face aux anglicismes. 

L’Académie française, lors de sa séance du 12 juin 2008, vote à l’unanimité la suprématie du français sur toutes les langues régionales.

L’Académie française, lors de sa séance du 26 octobre 2017, condamne à l’unanimité l’écriture inclusive.

L’Académie française, lors de sa séance du 28 février 2019, adopte à une large majorité le principe la féminisation des noms de métiers et de professions.

L’Académie française, dans un communiqué du 21 novembre 2019 précise qu’elle n’a jamais été hostile à l’introduction et à l’usage de termes étrangers. Mais se montre gravement préoccupée par le développement du franglais et dénonce les violations répétées de la loi Toubon. Elle alerte solennellement les pouvoirs publics et les invite en premier lieu à respecter eux-mêmes la loi.

La nouvelle carte d’identité munie d’une puce électronique et d’un QR Code, mise en circulation le 2 août 2021 est rédigée en français et en anglais. « Une absurdité » pour les Académiciens, qui dénoncent le 5 janvier 2022 une violation de la loi de 1994 faisant du français la langue des documents administratifs ainsi que l’article 2 de la Constitution. Or, le règlement européen du 20 juin 2019 stipule à l’article 3.3 que « le document doit porter le titre “Carte d’identité” [...] dans la ou les langues officielles de l’État membre de délivrance, ainsi que dans au moins une autre langue officielle des institutions de l’Union ». En d’autres termes, il est seulement fait obligation de traduire le titre, pas les autres mentions.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo pour les efforts et mots d’esprit savoureux de notre président ( de l’Association) en faveur de la défense et illustration de la langue française 👏