26 août 2025

La nef des fous - 4

 

Das Narrenschiff - la nef des fous - Albrecht Dürer 1498


Trump nourrit actuellement deux obsessions sous sa seyante casquette rouge : la première c’est d'éreinter les européens et de leur soustraire un maximum d’argent, la deuxième c’est de recevoir le prix Nobel de la Paix. Il sacrifie l'Ukraine sans le moindre scrupule. Sa marque de fabrique est de changer souvent d’avis, sauf pour le prix Nobel. Dans son délire il en est arrivé à pratiquer une sorte d’autodérision sur son comportement erratique « je ne sais pas ce que je déciderai, peut être ceci, ou alors cela, on verra bien ». Il est arrogant, mal élevé, odieux. Un plouc, brutal, puissant. Le maître du monde incontestablement.

La semaine dernière, le 17 août, l'auto-proclamée « coalition des volontaires » constituée de dirigeants européens a débarqué à Washington sans y être invitée, pour faire la leçon à Trump avant son entrevue avec le président ukrainien. Cette petite troupe aux allures de Bourgeois de Calais ou de délégués de classe demandant audience au proviseur, n’a pas été refoulée mais – peu de médias l’on rapporté – a été accueillie par un troisième couteau, a dû faire antichambre avant de rencontrer Trump qui, en hors d’œuvre d’un semblant de palabre, s’est d'abord payé la tête de chacun des solliciteurs, avec un cynisme aiguisé. Comme d’habitude, les plus fins analystes se demandent encore ce qu’il est sorti de cette gesticulation.

Madame von der Leyen, présidente de la commission européenne s’était déjà illustrée, le 27 juillet, en consentant à l’avanie de se faire recevoir par Trump dans son golf à Turnburry en Ecosse, pour négocier l'avenir économique de l'Europe. Son habileté n’ayant d’égal que son courage, elle a promis à l'ogre, sur les trois prochaines années, d’investir 550 milliards d’euros aux USA et de leur acheter pour 700 milliards d’euros de produits énergétiques, sans compter l'achat d'armes en nombre. Elle a accepté les droits de douane au taux imposé de 15% quand le Canada, sans tambours ni trompettes, par la seule vertu de la fermeté, a obtenu de Trump de les passer de 15% à 4%. Il est inconcevable que Madame von der Leyen ait pris ces engagements sans l’aval des chefs d’état éclairés qui ont constitué peu après la prometteuse « coalition des volontaires ».

Poutine, sans doute le moins fou des fous, est un prédateur méthodique, parangon de calme, de patience et de suite dans les idées, avec des idées claires et en nombre limité, toutes éclairées par la lumineuse pensée qu’avait énoncée son prédécesseur, Nikita Krouchtchev, lors de l’assemblée générale de l’ONU le 13 octobre 1960 : « Ce qui est à nous est à nous, ce qui est à vous est négociable ». Il se dit prêt à signer un traité de paix avec l’Ukraine – bien que, pour lui, elle n’existe même pas - à condition que toutes ses revendications inacceptables soient acceptées.

Trump et Poutine ont en commun de pratiquer de manière impudente le mensonge. Cela marche assez bien et d'autant plus que le mensonge est grossier, tant auprès de leurs courtisans qui applaudissent bruyamment pour préserver leurs privilèges qu'auprès de leurs peuples avides de grandeur donc réceptifs aux discours démagogiques qui l'exaltent .

Depuis la nuit des temps, c’est la loi du plus fort qui s’impose. On l’avait oublié. Il est un peu tard pour ouvrir les yeux. Les inconséquents somnambules qui nous dirigent et qui, contrairement à Trump et Poutine, sont souvent lettrés, seraient bien avisés de s'inspirer de la fable de La Fontaine « Le loup et l’agneau ». Nous sommes devenus d'impuissants vassaux.

Bonne nouvelle. Un concept innovant pour se débarrasser d'acteurs nuisibles sans laisser de trace et avec impunité garantie, est en train de prendre corps en France : les faire mourir de rire. Ça ne laisse pas de trace et n’est interdit par aucune loi. Nous disposons de quelques spécimens d'adorables chatons, à petites griffes molles, aptes à l’exercice, qui sont lâchés, ou qui se lâchent tout seuls, pour effrayer les méchants tels que Tebboune, Netanyahou, Trump, etc. Ils ne mordent même pas les mollets de leurs cibles mais s’excusent, dispensent des paroles creuses, font repentance, se soumettent, puis rentrent à la niche. Ces trompe-la-mort ne sont bons qu’à disserter devant leurs semblables et à lancer de solennelles adresses au peuple pour dire où sont le bien, le mal et le danger.

Voir dans ce blog, sous le même titre, les articles du 20/05/25, du 08/03/25 et du 02/03/25

16 août 2025

Boualem Sansal - "lettre depuis ma prison , ne détournez pas le regard"

 

© RESISTANCE REPUBLICAINE

Mes amis,

Si cette lettre vous parvient, c’est que malgré les murs, les verrous et la peur, il existe encore des brèches par lesquelles la vérité peut se faufiler. Je vous écris depuis une cellule où l’air se fait rare, où la lumière n’entre que pour rappeler aux prisonniers qu’ils sont toujours en vie, mais jamais libres. Je ne suis ni le premier ni le dernier à subir l’arbitraire du régime algérien. Ici, la prison n’est pas un lieu exceptionnel réservé aux criminels, mais un outil banal de gouvernance. La dictature enferme comme on respire : sans effort, sans honte. On enferme les journalistes, les militants, les écrivains… et parfois même ceux qui n’ont rien dit, juste pour servir d’exemple. Ma faute ? Avoir persisté à croire que les mots pouvaient sauver ce pays de ses propres démons. Avoir écrit que l’Algérie ne se résume pas à un drapeau et un hymne, mais qu’elle est d’abord un peuple qui mérite dignité et justice. Avoir refusé que l’histoire se répète, que la corruption et la violence continuent de tenir le haut du pavé. Je souffre, oui. Mon corps me trahit, la maladie grignote mes forces, et le régime espère que je partirai en silence. Mais qu’ils se trompent ! Ma voix, même enchaînée, ne leur appartient pas. Si elle peut encore atteindre l’extérieur, c’est pour dire ceci : ne croyez pas à leur façade de respectabilité. Ce pouvoir n’est pas un État, c’est une machine à broyer. À la France, je m’adresse sans détour. Vous avez été ma deuxième patrie, mon refuge intellectuel. Vous qui vous proclamez patrie des droits de l’homme, souvenez-vous que ces droits ne s’arrêtent pas aux rives de la Méditerranée. Les gouvernements passent, les diplomaties calculent, mais les principes, eux, doivent tenir bon. Ne baissez pas les bras, ne sacrifiez pas vos valeurs sur l’autel des intérêts économiques ou des alliances de circonstance. Je ne demande pas ma liberté par charité, mais au nom de ce qui fonde toute société humaine : la justice. Si vous cédez aujourd’hui devant un régime qui se croit intouchable, demain, d’autres prisons se rempliront, d’autres voix s’éteindront. Aux Algériens, mes frères et sœurs, je dis : tenez bon. La peur est une prison plus vaste que celle où je me trouve, et elle est plus difficile à briser. Mais je sais qu’un jour, le mur tombera. Les dictateurs finissent toujours par tomber. Quant à moi, je continuerai à écrire, même si mes pages restent cachées sous ce matelas de prison. Car l’écriture, c’est la seule liberté qu’ils ne peuvent pas confisquer, et c’est par elle que nous survivrons.

Boualem Sansal

Prison d’El-Harrach, Alger

Source : lettre publiée sur X par le journaliste indépendant, Oualid Kebir


Commentaire : L'incarcération arbitraire et scandaleuse de Boualem Sansal s'éternise et l'intensité des réactions s'amenuise comme souligné dans un article du Figaro du 16 août. Que cette lettre - cette belle lettre - soit authentique ou apocryphe, sa publication dans ce blog est une petite contribution pour raviver la défense médiatique de la juste cause du prisonnier.

10 août 2025

Réaménagement de l’échangeur N12/D91 dit « de Satory » - réunion de concertation du 11 juin 2025

Localisation de l'échangeur D91/N12

En venant du centre de Versailles vers le sud par la rue Maréchal Joffre (Potager du Roi) on passe au dessus les voies ferrées et on emprunte l'avenue Clément Ader en forte montée dans la forêt, avec des voitures en stationnement sauvage sur le bas côté. Cette avenue Clément Ader est en fait le début de la D91. On aboutit à l'échangeur qui permet d'accéder à la N12 (2x3 voies) direction Ouest vers Rambouillet, ou de la franchir par en dessous pour atteindre le quartier de Satory, sur le plateau du même nom. En sens inverse sur la D91, cette fois direction Nord, une bretelle permet l'accès à la N12 direction Est vers Créteil et un passage souterrain rejoint la rue Clément Ader qui descend vers le centre de Versailles.

Il s'agit d'un des principaux accès au quartier de Satory depuis Versailles et notamment de sa partie Ouest en développement où est implantée la gare Satory de la Ligne 18 du Grand Paris Express, en construction. Et réciproquement de Satory vers Versailles.

Les flux de circulation d'automobiles, de deux roues et de piétons seront notablement augmentés, nécessitant une reconfiguration profonde de l'échangeur qui tiendra compte de leur évolution sur le long terme.

La DIRIF (Direction des Routes d'Île-de-France), en charge du pilotage du dossier d'étude des accès routiers à Satory, procède à des consultations auxquelles est associée l'association deBange-Houdon pour le cas l'échangeur N12/D91. Ce cas d'espèce est particulièrement ardu en raison de la configuration topographique très contrainte et de la confrontation d'enjeux contradictoires de circulations multimodales, de préservation des forêts et d'emprises en terrain accidenté. Différentes solutions sont explorées et chiffrées. Le coût s'ajoute ainsi aux différents critères de choix.

Le compte rendu de la réunion du 11 juin 2025, établi par la DIRIF est à télécharger par le lien ci-dessous.

11/06/25 - compte rendu DIRIF réunion échangeur N12/D91

La discussion portant sur les différentes solutions à conduit au tableau de synthèse ci-dessous, qui n'a aucun caractère conclusif à ce stade.


A noter :
  • il existe un autre accès au quartier de Satory depuis Versailles, par la rue du Maréchal Juin, qui prend à gauche juste après le pont du chemin de fer.  Cet itinéraire présente deux inconvénients : il débouche en plein cœur du secteur militaire construit de Satory Est et allonge le trajet pour rejoindre la D91 sur le plateau, par un itinéraire compliqué comportant des voies étroites.
  • l'élargissement de l'avenue Clément Ader impliquerait la suppression du stationnement sauvage (une cinquantaine de véhicules) et il faudrait, dans ce cas, trouver une solution de substitution acceptable par les usagers.