11 juin 2025

Au boulot ! Faisons des bébés

 

© MAGICMAMAN

Après avoir été un précurseur de l’expansion démographique à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, la France se trouve aujourd’hui parmi les pays qui vieillissent le plus vite.

Synthèse tendancielle

Depuis 2010, la dynamique naturelle s’est brutalement inversée : l’indice conjoncturel de fécondité est passé de 2 enfants par femme à 1,62 en 2024 tandis que les décès augmentent. Dès le milieu de la décennie 2030, les naissances seront durablement inférieures aux décès ; la population ne croîtra plus que par l’immigration, elle-même portée surtout par des motifs familiaux et étudiants plutôt que par des besoins de qualification économique. Ce basculement s'accompagnera d’un vieillissement accéléré : la part des 65 ans et plus (22 % en 2025) dépassera 26 %, possiblement 28 %, en 2040. Le rapport de dépendance démographique glissera de 37 % en 2021 à environ 50 % en 2040, faisant peser une pression massive sur le budget de l’État afin de financer les retraites, la santé et l’autonomie des personnes âgées. Les coûts sociaux liés au grand âge, déjà supérieurs à 14 % du PIB, pourraient augmenter de cinq points de PIB d’ici 2040 si aucune réforme d’ampleur n’intervient. Parallèlement, les écarts territoriaux se creusent : la « France en U » (Ouest, littoraux, Sud) attire encore une population plutôt âgée, tandis que le Centre et l’Est se vident. Dans une soixantaine de départements, les seniors dépasseront 30 % des habitants avant 2040. La croissance du solde migratoire traduit une immigration désormais centrale dans l’évolution démographique ; toutefois, leur moindre intégration au marché du travail limite l’effet d’amortisseur sur la baisse de la population active. Dans le même temps, l’émigration de jeunes diplômés continuera d’ôter une part croissante des forces vives du pays, alimentant la pénurie de compétences. Ces tendances convergent vers un déséquilibre générationnel inédit : une jeunesse minoritaire, des seniors majoritaires et des tensions croissantes autour de la redistribution. Les politiques familiales actuelles ne suffisent plus à inverser la fécondité, tandis que la seule variable immédiatement mobilisable reste l’immigration – socialement contestée, partiellement inefficace et insuffisante à compenser la dégradation rapide du ratio actifs/retraités. 

Projection 2040 

L’indice conjoncturel de fécondité est passé de 2 enfants par femme au début des années 2010 à 1,62 en 2024, ce qui a fait chuter le solde naturel de 281 000 naissances en 2010 à seulement 17 000 en 2024. L’Insee projette désormais un point d’inflexion : la croissance démographique ne serait alimentée que par l’immigration et la population active plafonnerait autour de 30,6 M en 2036 avant de s’effriter. D’ici 2040, la France compterait environ 70 M d’habitants, dont 26,5 % à 28,1 % de personnes de 65 ans ou plus tandis que le rapport de dépendance grimperait de 37 % (2021) à 50,5 %. Les coûts liés au grand âge pourraient augmenter significativement à l’horizon 2040 si rien n’est fait.


source : Institut Montaigne - rapport "France 2040 - Projections pour l'action politique" - pages 87, 88 et 89

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